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Biographie.

On connaissait Cyril Mokaiesh, insurgé des barricades, révélé en 2011 avec la chanson Communiste. On lui savait cinq albums sous son nom, tout aussi magnétiques que le duo avec Bernard Lavilliers sur la broyeuse du capitalisme mondialisé, La Loi du marché. On n’avait pas oublié non plus le sublime album qu’il avait enregistré avec le pianiste Giovani Mirabassi : en 2015, Naufragés repêchait quelques perles oubliées des génies méconnus de la chanson française, d’Allain Leprest à Mano Solo. On avait encore son album de duos à l’oreille, Dyade, sorti l’année dernière et voilà qu’il revient par une voix qu’on ne lui connaissait pas. En compagnie du producteur Romain Humeau, Cyril Mokaiesh a décidé de réinterpréter douze chansons de Georges Moustaki. De ces douze titres formant comme un portrait rétrospectif, le jeune chanteur n’a pas cherché à en dénaturer l’essence mais plutôt à en
réveiller les couleurs.

Dans le studio flambant neuf de l’ancien chanteur du groupe Eiffel, bâti en lisière de forêt dans la région bordelaise, l’artiste franco-libanais a enregistré un album comme notre époque numérique n’en rêve plus. Un album acoustique, rempli d’air, d’espaces et de respirations, seulement guidé par le plaisir de le
jouer sans séquences recalées à l’ordinateur ni clic dans l’oreille du batteur. « Nous voulions un disque fait à la main sans aucun son électronique ». Comme pour défier la loi du marché. Dans une époque troublée comme la nôtre, les prédictions de l’Italo-Grec d’Alexandrie disparu en Mai 2013 – il y a tout juste 10 ans – méritent plus que jamais d’être écoutées. Voilà des chansons qui n’ont pas peur de leur ombre, à la fois tendres et engagées, amoureuses et inquiètes, mélancoliques et solaires, de tous ces oxymores dont la vie s’accommode avant qu’un musicien vienne y poser ses mélodies chatoyantes. « Avant de me lancer dans l’aventure, je voulais être sûr que ses chansons entrent « Tu hurles ce que je murmure, Georges. » Sur des guitares acoustiques, un piano, des percussions, des flûtes, mais aussi parfois sur un tempo soul ou une franchise électrique, Cyril Mokaiesh s’en est emparé avec une tendresse et une ferveur égales. Une phrase l’a guidé dans cette plongée animée par une conscience politique où vient se nicher pudiquement le sentiment amoureux : « Je déclare l’état de
bonheur permanent / Sans que ce soit voté au Parlement ».

Pour connaître l’homme, il faut voyager à ses côtés. On y rencontre alors Édith Piaf pour laquelle un mot
griffonné sur une nappe de restaurant à Londres est devenu un classique du patrimoine : Milord. On y
croise des chansons pour Serge Reggiani dont l’auteur sut saisir l’ambivalence mélancolique (Sarah,
Ma Solitude, Ma Liberté). Plus surprenantes encore sont les chansons interprétées par Georges Moustaki en personne.
Entendez les mots de Portugal, écrite lors de cette Révolution des Œillets ayant entraîné la chute du régime salazariste au printemps 1974 : « À ceux qui ne croient plus / Voir s’accomplir leur idéal / Dis-leur
qu’un œillet rouge / A fleuri au Portugal // On crucifie l’Espagne / On torture au Chili / La guerre du Vietnam / Continue dans l’oubli. » Iran, Ukraine, Russie, il suffirait de remplacer le nom des pays pour comprendre combien cette chanson reste contemporaine.

« Le temps de vivre »
1. La déclaration
2. Et pourtant dans le monde
3. Le métèque
4. Ma liberté
5. Le temps de vivre
6. Sans la nommer
7. Ma solitude
8. Il y avait un jardin
9. Milord
10. Portugal
11. Sarah
12. Les eaux de Mars.

  • Cyril Mokaiesh, Calogero – La rosée

  • Cyril Mokaiesh – Le jour d’après

  • Cyril Mokaiesh – Beyrouth